Renaissance du carillon du clocher de Baziège. (suite)


     En 1794, la jeune république est en guerre contre toute l'Europe ou presque et les canons manquent. Un arrêté du 4 germinal An II met en réquisition les cordes et les cloches des églises, ne laissant dans chaque commune qu'une cloche, la cloche civique. Elles sont amenées au chef-lieu où des fonderies sont mises en place. Combien de cloches furent descendues du clocher de Baziège ? On retrouve trace dans un inventaire de l'An III de deux battants et deux jougs en bois de cloches qui étaient remisés dans la mairie.
     Bientôt les églises sont fermées au culte catholique et transformées en " Temple de la Raison ". Les lois seront lues et expliquées chaque décadi à une heure de l'après-midi dans l'église. La sonnerie des cloches (ou de celle qui reste) est interdite.
Richesse des motifs gravés Autre cloche à la volée des niches supérieures.
Remarquer la richesse des motifs en relief et gravés.
     Le 14 messidor An VI, (le 2 juillet 1798), un orage menace. Vers six heures du matin, comme la grêle commence à tomber, la cloche se met à sonner. L'agent municipal (qui à cette époque tient le rôle du Maire) se rend dans le clocher afin de reconnaître les contrevenants : ce sont deux enfants envoyés par leurs parents. Après une bonne semonce, les deux enfants sont renvoyés chez eux. On croyait encore alors, que les vibrations des sons produits par la sonnerie des cloches avaient le pouvoir d'éloigner les nuages de grêle.
     Après la signature du Concordat par Bonaparte et la restauration du culte catholique, il semble que le clocher de Baziège ne fut pas regarni de cloches. L'Empire eut d'autres priorités parmi lesquelles un besoin énorme de pièces d'artillerie et par conséquent de bronze. Les clochers de France attendront.
     Ce n'est que sous la Troisième République, à partir de 1877, que le carillon du clocher va naître. On fait appel à un fondeur de la région, la fonderie DENCAUSSE de Tarbes.
motifs gravés Inscriptions sur un des gros bourdons :
PLANTE curé de Baziège.
Emile SAGNE, maire de Baziège.
Elodie SAGNE Parrains.
     En 1877, sont fondues, en premier, les plus grosses cloches : quatre dont le diamètre est supérieur à 100 cm et leur poids compris entre 1,2 et 1 tonne. Juste en dessous du cerveau sont gravés les noms du curé PLANTE et du Maire d'alors, Emile SAGNE. Ensuite, trois autres sont installées dans la même foulée d'un diamètre et poids inférieurs.
     L'année suivante, en 1878, sept cloches moyennes et petites de 131 à 30 kg sont fondues et installées.
     Le carillon sera complété jusqu'en 1884. A la fin du siècle, il comptera 21 cloches dont trois cloches de volée.
     En 1934 sera ajoutée une cloche de 122 kilos et en 1946, une de 19 kilos provenant de la fonderie savoyarde PACCARD.
     En novembre 1891, la municipalité donne l'autorisation à la Fabrique de l'église de plaider contre la fonderie DENCAUSSE à Tarbes. Les archives de la Fabrique ayant été perdues, on ne sait sur quoi portait le litige.
     Le 11 novembre 1918, un télégramme posté de Toulouse à 14 heures, annonçait l'armistice et recommandait : " Faites sonner les cloches à toute volée, faites pavoiser les édifices publics aux couleurs françaises et alliées, faites illuminer. Que chacun sorte drapeaux et lampions : c'est la victoire du droit et de la civilisation ! "
     Ce carillon a été électrifié en 1966.


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Décadi : jour de repos, de la semaine de dix jours du calendrier révolutionnaire. Pas étonnant qu'il n'ait pas duré plus longtemps ! -Retour -

volée : Autre façon de sonner les cloches autre que le tintement. Dans ce cas les cloches se balancent ou tournent sur leur axe d'un tour complet (c'est la grande volée). Le son produit est caractéristique, il résonne de façon spéfique dans toute la contrée. Cette sonnerie est réservée aux grandes occasions.- Retour -

Cerveau : partie supérieure horizontale de la cloche. - Retour -

La Fabrique de l'église était l'organisme local qui, avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, administrait, sous le contrôle de la municipalité et du curé, les biens de l'église. -Retour -