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L'épopée tragique d'enfants juifs à Seyre (près de Nailloux) et au château de la Hille (Montégut-Plantaurel, près de Pailhès - Ariège)
Jean Odol


       Lundi 18 octobre 1999, le petit village de Seyre, entre Nailloux et Villefranche, a vécu une page de son histoire. Trente de ces quatre-vingts enfants juifs qui s'étaient réfugiés dans la commune lors des persécutions antisémites de 1941, sont revenus sur les traces de leur passé.

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Des enfants comme les autres, sensibles aux nouvelles idoles de Walt Disney : les "Trois petits cochons".

       Les dessins coloriés sur les murs des dépendances du château de Seyre représentant les " Trois petits cochons " du dessin animé, sont encore visibles de nos jours et c'est certainement avec beaucoup d'émotion que leurs auteurs, qui avaient entre 3 et 15 ans en 1941, les ont retrouvés, à peine rongés par le temps, lundi matin pour un retour sur les traces de leur passé après plus d'un demi-siècle. Pour la plupart octogénaires aujourd'hui, ils vivent en Australie, en Allemagne, en France, en Israël, en Angleterre et aux Etats-Unis.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir Composition originale d'un chat guitariste.

L'exode de 1940
       Le tragique périple commença en 1933 avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir et le déchaînement de l'antisémitisme en Allemagne, puis en Autriche en 1938. Les juifs sont chassés de tous les emplois publics, puis les Nazis passent à l'action directe avec la célèbre " nuit de cristal " (incendies de toutes les synagogues d'Allemagne). Beaucoup de juifs fuient en France ou en Angleterre. Beaucoup d'enfant deviennent orphelins et sont recueillis par des organismes caritatifs en Belgique.

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Groupe des enfants à Seyre.

       Un peu plus tard, ils seront placés sous la protection de la Croix-Rouge suisse. C'est ainsi que débute l'épopée des " enfants de Seyre " (1) dans un foyer de Bruxelles. Ils étaient environ quatre-vingt. Mais en mai 1940, l'armée allemande envahit la Belgique et les enfants sont évacués vers le sud dans un train à bestiaux. Un voyage infernal de cinq à six jours avant d'arriver à Villefranche puis à Seyre.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir Local dans le village de Seyre qui a abrité les enfants dans un premiers remps.
C'est sur ces murs plâtrés que certains ont laissé libre cours à leurs talents de dessinateurs.


       C'est le maire de Seyre et le propriétaire du château ainsi que des dépendances, M. Capèle, qui vont les accueillir dans le village. Ce dernier occupait alors de hautes fonctions dans la Croix-Rouge française et avait des relations avec ses homologues suisses. Les bâtiments d'accueil étaient modestes - deux salles, une cuisine et des toilettes dans la cour. Pas d'eau, pas de chauffage. Avec l'encadrement, un directeur et des infirmières, ce sont 85 personnes qui séjournent à Seyre, et autant de bouches à nourrir. Le ravitaillement sera le problème crucial. La Suisse enverra du sucre, du lait en poudre mais la plupart des denrées sont trouvées sur place avec beaucoup de difficultés. L'essentiel de la nourriture sera du maïs à l'eau (du millas). L'hiver 1940- 41 sera très rude pour les enfants d'où le désir de l'encadrement suisse de dénicher un château. Ce sera celui de la Hille en Ariège. Aujourd'hui à Seyre, peu de, témoins sont encore là. On en dénombre cinq. En 1940, tous savaient que les enfants venaient d'Allemagne et étaient orphelins. Encore aujourd'hui, on appelle " l'orphelinat ", le bâtiment qui les a accueillis. Sur les murs du village, les enfants ont laissé plusieurs dessins en couleur : les fameux " Petits cochons ", un chat avec un violon, l'église, un moulin à eau, que leurs auteurs retrouveront ce lundi.

Une fin tragique pour certains.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir Le château de la Hille.

       Après le départ de Seyre, les enfants trouveront de meilleures conditions d'hébergement et de nourriture au château de la Hille. Mais ce répit sera de courte durée. En août 1942, un drame éclate : 45 adolescents au-dessus de 15 ans sont arrêtés par la gendarmerie française et internés au tristement célèbre camp du Vernet.

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Départ d'un groupe de petits pour la promenade, en sabots.

       C'est, le gouvernement suisse qui interviendra et obtiendra du Gouvernement de Vichy leur libération. De retour avec leurs camarades à la Hille, ils tenteront de fuir, avec la complicité de la directrice et de Anne-Marie Piguet (organisatrice d'une filière d'évasion vers la Suisse). Certains réussiront. D'autres seront refoulés par les douaniers et reviendront à la Hille et tenteront de gagner l'Espagne où Franco laissera passer près de 8.000 juifs par les Pyrénées, surtout à partir de 1942 lorsque éclatent les victoires alliées à El Alamen et Stalingrad. Franco ne se gênera pas ensuite pour les échanger contre du blé et de l'essence aux Américains.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir Enfant sur le marche-pied d'un des camions de la Croix-Rouge qui assurait une partie du ravitaillement.
Remarquer l'emblème de la Croix-Rouge sur la portière.


       D'autres, moins chanceux, furent vendus aux Allemands par les passeurs puis déportés. Onze ne rentreront pas des camps de la mort, sauf un. Quelques-uns entrèrent dans le maquis français pour participer à la libération de la France.

A Toulouse, Seyre et en Ariège
       C'est l'un des survivants de cette épopée, M. Reed, qui a réussi à regrouper trente " enfants " survivants et leurs familles. Lui-même a vécu à Seyre en 1941 avant de s'engager dans l'armée américaine et participer au débarquement de Normandie. Plusieurs cérémonies viendront ont ponctué leur retour dans le sud de la France. Le samedi16 octobre, le groupe a dévoilé une plaque du souvenir, rue du Taur à Toulouse, sur la façade du bâtiment qui servit de siège de la Croix-Rouge de 1940 à 45.
       Dimanche 17, retour au château de la Hille et au Vernet. Lundi 18 à Seyre à partir de 10 heures pour l'inauguration d'une plaque commémorative, Mardi 19, à Pamiers et au monument de Roquefixade où Egon Berllin, l'un des enfants juifs engagés dans le maquis, trouva la mort le 7 Juillet 1944.
(1) Le groupe d'enfants est appelé " les enfants de Seyre ", même s'ils ont séjourné à Bruxelles ou plus tard à la Hille.  Retour


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