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Trouver de l'eau à Baziège n'a jamais été un grand problème. Les familles aisées possédaient dans leur jardin ou dans leur cour un puits qui subvenait à leurs besoins domestiques. Cependant un grand nombre de familles en était dépourvues et la seule source d'eau était pour elles les fontaines publiques. Ces fontaines étaient toutes bâties sur un puits et pourvues d'une pompe à piston protégée des intempéries par une petite construction en maçonnerie; un bassin pour abreuver les animaux leur était souvent adjoint. La plupart existent encore aujourd'hui, mais les abreuvoirs ont disparu.
Parmi les plus anciennes, il faut citer la fontaine d'Auta, (rue de la Fontaine), celle du faubourg de Cers, et celle de la Halle vieille (halle aux grains). Lors de la construction de la halle aux Étalagistes, une fontaine y fut installée. En mai 1874, lors de la construction de la murette entourant le marché à la volaille "considérant qu'une partie des habitants de Baziège est fort éloignée des fontaines existantes". le Conseil Municipal vote une somme de 100 francs pour creuser un puits place de l'Esplanade. Ce n'est qu'en 1880 que les habitants du quartier d'En Boyer auront leur fontaine. La construction de la ligne du chemin de fer les avait séparés de la fontaine d'Auta depuis 1856. Il leur fallut attendre un quart de siècle pour avoir leur fontaine! Il est vrai qu'en 1856, seuls les hommes qui étaient soumis à l'impôt votaient et il est dit dans délibération de cette époque que les habitants du quartier d'En Boyer "étaient les plus pauvres de la commune." La même année, la reconstruction du puits de la halle aux grains coûta 400 francs et l'installation de la pompe 600 francs.
Quelle était la qualité de l'eau? Etant donné, l'état sanitaire du village, on est en mesure de douter de la qualité bactériologique de cette eau surtout dans les périodes de chaleurs quand la nappe phréatique devait baisser. Le cri d'alarme poussé par le docteur Larroque en août 1895 en témoigne lorsqu'il constate : "que des habitants déposent des ordures au pied de la fontaine d'Auta. Les eaux sales qui reviennent dans la fontaine ont occasionné plusieurs diarrhées." On a souvent, au cours de cette période, accusé le ruisseau des Espaces d'être la cause des épidémies survenant pendant les étés, mais les rues pavées ou simplement en terre battue, souvent encombrées de fumiers ou d'ordures laissaient les eaux de pluie s'infiltrer et souiller de façon certaine les eaux de la nappe phréatique. L'entretien des fontaines était, lui aussi, soumis à un adjudicataire qui pour cent francs par an, en 1884,devait : "nettoyer au moins une fois par semaine les bassins des fontaines et faire tous les travaux d'entretien nécessaires. En cas d'engorgement ou de pertes dans les tuyaux de conduite, il devra les réparer ou les remplacer à ses frais. Les grosses réparations et gros travaux restant à la charge de la commune." En 1902, un puits surmonté d'une éolienne et réservoir sont construits au fond du foirail dans le but d'assainir le ruisseau des Espaces qui passait à proximité de l'école et dans lequel croupissaient des eaux usées et nauséabondes. Des lavoirs furent installés à côté de ce puits et l'année suivante une " usine à acétylène " (une petite cabane de brique), produisait le gaz du même nom qui était distribué aux particuliers abonnés et servait aussi à l'éclairage public. Nombre de ces fontaines existent toujours et certaines continuent de fonctionner. Leur eau n'est plus reconnue potable car les critères sanitaires ont changé et comme elles ne servent plus beaucoup à l'usage domestique, l'eau des puits ne se renouvelle pas assez vite. En 1970, l'eau de celle de la Place à la Volaille était encore utilisée par les riverains pour la boisson et la cuisine. Aujourd'hui, elles portent témoignage d'une époque révolue où la quête de l'eau était une des activités essentielle, et plusieurs fois répétée, de la journée. C'était aussi un lieu de rencontre, un lieu de vie du village. |