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BAZIEGE ET SON PHARE AERONAUTIQUE.

A. BRISMONTIER

(Conférence du 23 avril 1993)


      Evoquer l'histoire du phare de Baziège, c'est d'abord le replacer dans son contexte aéronautique de l'entre-deux guerres, particulièrement cette époque 1925-1930 qui fut capitale pour les débuts de l'aviation commerciale. En effet au sortir de la Première Guerre Mondiale l'aviation se retrouve privée de sa finalité stratégique, beaucoup de pilotes sont disponibles et l'on va repenser l'utilisation de l'avion à des fins civiles.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir       Toulouse constitue l'un des pôles d'attraction essentiel de cette activité naissante avec la firme LATECOERE installée à Montaudran. Au tout début il s'agit de transporter passagers et courrier (particulièrement lucratif) en "vol à vue"de jour. Mais la nécessité d'assurer des acheminements réguliers conduisent très vite à mettre au point le "vol de nuit". Il ne s'agit pas encore de pilotage sans visibilité mais seulement de navigation entre points lumineux identifiables par des codes d'éclairs successifs. Le tout jeune Service de la Navigation Aérienne commencera donc au milieu des années 20 l'implantation d'un réseau lumineux jalonnant les axes aériens majeurs tels Paris-Londres, Paris-Bruxelles, Paris-Strasbourg, Paris-Lyon-Marseille et Bordeaux-Toulouse-Perpignan-Espagne.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir       C'est ainsi que l'on retrouvera sur l'axe Toulouse-Narbonne une chaîne de phares installés à Baziège, Montferrand, Barrié (Castelnaudary), Alzonne, Barbaira, Lezignan, Sallèles d'Aude, destinés à baliser cet itinéraire essentiel utilisé par les pilotes des lignes LATECOERE (qui deviendront AEROPOSTALE puis AIR FRANCE ) pour acheminer le courrier de Toulouse-Montaudran jusqu'en Afrique et en Amérique du Sud. Des pionniers comme Mermoz, Guillaumet, Saint-Exupéry se sont illustrés sur ces lignes.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir Vue du phare aéronautique de Baziège côté Est.

      La plupart de ces phares étaient allumés à la demande, la quantité de trafic aérien ne nécessitant pas un fonctionnement permanent. Il a donc fallu mettre en place un réseau de préposés contactés par télégramme ou téléphone pour régler l'horloge de commande dans le créneau horaire correspondant aux passages d'avions.

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Plateforme du phare de Montferrand (Aude)


      On trouve à ce sujet dans plusieurs pages du GUIDE MICHELIN AERIEN 1936, la mention suivante encadrée : " SI VOUS AVEZ L'INTENTION D'EFFECTUER UN VOYAGE DE NUIT,DEMANDEZ AU CHEF DE L'AERODROME DE DEPART DE FAIRE ALLUMER LES PHARES SITUES SUR VOTRE ROUTE "

      Qui étaient ces préposés? Des gens du village qui, par leur fonction ou leur proximité du phare, avaient accepté cette charge (moyennant probablement une rétribution du Service de la Navigation Aérienne). Ils assuraient également une maintenance sommaire, comme par exemple le changement des tubes au néon hors d'usage. Une ou deux fois par an, le responsable du district dont ils dépendaient leur rendait visite (il s'agissait dans la région du commandant de l'aérodrome de Toulouse ou de Perpignan). A Baziège le préposé était Mr Alexis VIDAL,meunier,dont le moulin à vent se trouvait à proximité du phare. Le moulin et le phare trônent encore sur la colline au sud-est du village. A Montferrand, il s'agissait de Mr PINEL,garde-champêtre. A Barrié, Mr GUILHEM, jardinier du domaine où se trouvait le phare. A Barbaira, Mr NICOL, instituteur. Ainsi un certain nombre de villageois furent impliqués dans la régularité du trafic aérien de l'époque. Ils sont d'une certaine façon les prédécesseurs des aiguilleurs du ciel de maintenant, même si leur charge n'était qu'une occupation annexe. Il serait intéressant de poursuivre la prospection de village en village à travers la France pour retrouver ces traces ignorées de l'assistance à l'aviation commerciale, tant qu'elles sont encore identifiables.


      Quant aux phares eux-mêmes, dont 1'utilisation prit fin avec la Deuxième Guerre Mondiale, peu d'entre eux subsistent encore et ceux de Baziège et Montferrand constituent de rares exemples toujours debout. Une restauration s'impose, dans le cadre d'une préservation du patrimoine aéronautique régional. Là où l'histoire aéronautique a connu certains de ses plus grands moments, on peut espérer que les instances concernées ne resteront pas insensibles.
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La Croix du Sud
Mermoz et Saint Exupéry
Le Laté 28
Les hangars de Montaudran


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