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AGRICULTURE ET BLE A TRAVERS LES
AGES
L. ARIES
Dailleurs,
cest depuis la nuit des temps que lhomme consomme du
pain. On a retrouvé un pain vieux de 6000, il est exposé dans
une vitrine du Swiss Landemensuem de Zurich, il aurait donc
était cuit par un boulanger de lâge de la Pierre. Il
serait tombé dans un lac accidentellement où il se serait
enlisé dans la boue qui laurait ...conservé.
Une belle miche de pain déposée, il y a
3400 ans, dans la tombe de la princesse Meryet-Amon est exposée
au Metropolitain Museum of Art de New York.Ce sont les égyptiens
qui auraient découvert la levure et qui ont fait de la
panification une industrie prospère. Les Grecs ensuite ouvrirent
même des écoles de boulangers dans deux îles de la mer Egée.
Au cours du Moyen Age, la boulangerie se sépara de la meunerie.
Les boulangers demeurèrent à lintérieur des murs de la
ville médiévale surpeuplée, près de leurs clients, tandis que
les meuniers séloignèrent de la ville à la recherche des
courants qui pouvaient mouvoir leurs meules.Les boulangers
étaient toujours considérés avec grand respect tellement que
dans une ancienne loi germanique, lamende pour le meurtre
dun boulanger était trois plus élevée que pour celle
dun autre citoyen.
Comment lhomme est-il devenu
cultivateur et comment a t-il été amené à cultiver le blé?
Cest son esprit créatif et
inventif qui la fait passer petit à petit du stade de
prédateur de son environnement en pratiquant la chasse et la
cueillette, au stade déleveur puis de cultivateur bien
modeste dans les premiers temps, puis à très grande échelle
avec larrivée de loutillage de plus en plus
perfectionné.En fait ce sont les matériaux utilisés puis
fabriqués par lhomme qui ont rythmé lévolution de
lhumanité, si bien que pour désigner dans léchelle
du temps cette évolution les historiens ont utilisé les
matériaux : après lâge de la pierre taillée et celui de
la pierre polie vint lâge des métaux, avec le cuivre, le
bronze et récemment le fer que certains qualifient dâge
guerrier tellement que le fer et lacier évoquent le bruit
des armes des combats et des guerres.
Dans le Midi de la France, le fer
arrivera avec la colonisation grecque et phénicienne, 5 ou 6
siècles avant notre ère. Avec le fer, des régions pauvres en
métallurgie du bronze, avec leur économie pastorale vont
connaître en un réel épanouissement. On fabrique des épées
courtes et surtout des fers de lance, arme traditionnelle des
cavaliers de montagne, gardiens de troupeaux et chasseurs.
La sidérurgie simplante dans le
sud du Massif Central et notamment dans la Montagne Noire, où
une vingtaine de sites métallurgiques de lépoque
gallo-romaine ont été recensés. Ces sites ne se sont pas
maintenus au delà du 3 ème ou 4 ème siècle de notre ère. Il
y a une dizaine dannées (entre 1989 et 1991) au domaine
des Forges. Aux Martys, dans lAude, des fouilles
archéologiques ont mis à jours les restes de bas-fourneaux du 1
er siècle avant notre ère (2000 ans); leur hauteur était de
2,20 mètres et la cuve rectangulaire aux bords arrondis mesurait
0,9 m sur 0,6 m; soit un volume de cuve de 900 litres.
Le site des Martys est exceptionnel par
la dimensions de ses ferriers, cest à dire des résidus de
fabrication du fer, preuve de limportance des
installations.
La sidérurgie simplante au
Canigou, dans les Corbières, sur les rives de lArize, du
Vicdessos....La technique de la forge à la catalane
se développe dans les Pyrénées orientales et ariégeoises
grâce à la présence dun minerai de qualité et abondant.
Il sagissait de forges volantes qui permettaient
dexploiter sur place un filon de minerai en utilisant le
bois de la forêt la plus proche. Quand lextraction
devenait trop difficile ou quil fallait chercher le bois
trop loin, on abandonnait le site en emportant soufflets et
marteaux pour sinstaller sur un autre site. A
lorigine cest la force physique de lhomme qui
était seule utilisée pour manuvrer les marteaux et les
soufflets. Cette technique est restée inchangée pendant plus
dun millénaire. Ce nest quau 12 ème siècle
que lénergie hydraulique sera utilisée pour actionner les
martinets et les forges catalanes devinrent fixes.
Limportance de ces forges était si
considérable que pour organiser la transformation du minerai en
métal, le comte de Foix, Robert Bernard III, accorde une charte
à la vallée du Vicdessos en 1293, en raison des services
inestimables quelle lui aurait rendus. Le texte précise
que cette charte ne fait que renforcer celle accordée par le
comte Roger Bernard, laquelle ne faisait que renforcer des droits
oraux, bien antérieurs. Ces forges furent exploitées
jusquau début de ce siècle, il y avait encore une
cinquantaine de forgerons au 19 ème siècle. Elles laissèrent
la place à Pamiers à une importante usine métallurgique
moderne avec ses premiers Hauts Fourneaux, ses laminoirs et ses
marteaux pilons perpétuant ainsi la tradition sidérurgique
antique du lieu (société FORTECH).
Contrairement aux forges catalanes, il sagissait de forges
permanentes vers lesquelles étaient acheminées le minerai
provenant probablement de très loin puisquil nexiste
aucun gisement proche. Le bois devait provenir de la forêt de
hêtres toute proche.
Au dernier siècle avant notre ère
apparaît la faux, manipulée à deux mains; avec sa grande lame
son rendement est bien plus élevé que celui de la faucille.
Mais sa fabrication exigeant une bonne maîtrise du travail du
fer, la faux restera chère et peu répandue jusque vers
lan mil.
Laraire sera perfectionnée et comprendra plusieurs
pièces; ainsi laraire manche-sep comprend 2 pièces, la
perche dattelage étant séparée du reste de loutil.
Laraire chambige comprend 3 pièces et laraire
dentale en possède 4 ou5. A lépoque romaine,
les trois tyles étaient déjà connus. Ils se sont maintenus en
létat jusquau 19 ème. Ce nest quau
début de notre ère que le timon de laraire a pris appui
sur un avant train. Laraire Manche-sep a été introduit en
Amérique du sud par les conquérants; elle est encore utilisée
dans certains pays pour certains travaux spécialisés comme le
buttage des pommes de terre, elle serait encore utilisée au sud
de la Loire.
Les agriculteurs fabriquaient souvent eux
mêmes leurs araires, les trouvant ainsi beaucoup plus à leur
main, ce qui leur prenait tout au plus 4 à 5 heures de
travail... Le forgeron du village confectionnait les lames de fer
à la demande.
Lépanouissement de
lindustrie du fer permit aussi la fabrication de
charrues.Cest vrai que laraire, utilisée depuis
lantiquité pour ameublir le sol et recouvrir les semences
effectue un travail peu profond et rejette sur les deux côtés
de la raie le terre déplacée et émiettée par le soc. Avec
laraire, on obtient un labour à plat.
La charrue apparaît au début de notre
ère. Contrairement à lantique araire, elle permet
deffectuer un véritable labour beaucoup plus rapidement
quavec les bras à la bêche et la houe. La charrue, plus
puissante avec son avant-train à une ou deux roues et ses deux
mancherons, permet un labour plus en profondeur, mais exige aussi
des animaux plus vigoureux pour la tracter. Le modèle le plus
répandu et le plus apprécié était la charrue Brabant, stable
robuste facile à diriger et procurant un travail régulier. Des
Brabants de tous les modéles ont été employés dans toute la
France, depuis les plus légers à un cheval, deux vaches ou deux
bufs, jusquau plus puissants à quatre ou cinq
chevaux ou six à huit bufs.
Si les chevaux, ânes et mulets sont
attelés au moyen classique du collier qui permet à
lanimal de tirer avec les épaules, les bufs sont
attelés par paire au moyen du joug , qui réuni les animaux pour
unir leurs efforts; les jougs à un seul bovin sont rares. Le
joug est placé sur la nuque de lanimal immédiatement
derrière les cornes; il est assujetti par deux courroies qui
enserrent les cornes de lanimal.
Hélas la charrue laisse le sol
embarrassé de grosses mottes; au 9 ème siècle grâce au fer
qui devient abondant lhomme fabrique des herses dont
l usage se répand rapidement avec celui de la charrue.
Lindustrie du fer et de
lacier avait alors fourni à lhomme les outils
nécessaires: la grande révolution agricole de Moyen Age pouvait
commencer.
Cette révolution sest traduite par
le doublement des rendements céréaliers, les rendements sont
passés de 3 à 6 quintaux de céréales à lhectare (plus
de 50 quintaux à lheure actuelle). Comme 10 quintaux sont
nécessaires pour nourrir une famille de 5 personnes, 2 à 3
hectares sont suffisants, la famille pouvant travailler 6
hectares, des surplus et des bénéfices apparaissent. Ces
bénéfices vont conditionner et permettre le développement de
lartisanat, de lindustrie, du commerce mais aussi des
activités intellectuelles et artistiques.