Ouvrages conseillés par l'ARBRE.


Pays de HAUTE-GARONNE et des confins de l'Aude, axe de communication et terre d'ancrage historique, le Lauragais déroule la sérénité de ses paysages de plaine et de vallons pour le citadin en quête d'espace et de respiration : nombre de nouveaux venus en Midi toulousain choisissent de vivre en Lauragais, à proximité des centres d'activité, renouant avec des traditions et des modes de vie ruraux encore vivaces en ces lieux anciens d'hérésie. C'est le cours paisible du Canal du Midi et celui, plus chaotique, de l'Histoire qu'arpente pour nous Jean Odol dans ce livre. Et, des portes de Toulouse aux premières éminences de la Montagne Noire, il n'est qu'à fondre notre regard dans celui, exigeant et passionné, de Guy Jungblut. L'un et l'autre vivent au pays...
     Il appartient à l'historien de faire connaître les structures des temps écoulés et les hommes qui les animèrent. L'auteur s'est penché sur les gens des métiers de la vie quotidienne qui oeuvrèrent en Lauragais durant la période allant des derniers Valois au crépuscule de la monarchie.
Les " brevets " d'apprentissage, parfois contrat de travail déguisé, aux dispositions souvent léonines, témoignent de la diversité des clauses, d'une ville ou d'un bourg à l'autre, mais aussi, au sein d'une même cité, d'un maître à l'autre et, chez un même maître, d'un contrat à un autre.
Cette diversité se retrouve dans l'éventail largement ouvert des dots constituées en faveur des artisans, indicatrices des fortunes des familles - généralement modestes - et suggérant une hiérarchie, au demeurant fluctuante, des métiers dans la pyramide sociale. La faible valeur des maisons que font apparaître les actes notariés surprend, comme surprend aussi l'inconfort des logements, révélé par les inventaires dressés après décès ; cet inconfort procède d'un esprit d'économie excluant tout superflu et poussé jusqu'à l'extrême, ainsi que l'attestent les guenilles des vestiaires.
Les statuts régissant certains des ces corps de métier nous dévoilent, par-delà la finalité religieuse affichée, la défense jalouse des intérêts des maîtres garantis par les privilèges accordés aux corporations. Les délibérations du conseil politique de Castelnaudary font de nous les témoins du conflit, aux rebondissements multiples qui, sur fond d'envolée du prix du blé, opposa, au XVIIIe siècle, les boulangers aux consuls de la ville, tandis que charpentiers et menuisiers se querellaient sur des questions de préséance pour le plus grand profit des gens de justice.
Extrapoler les données de cette étude sur l'ensemble de la province et a fortiori du royaume serait une grave erreur, mais voir dans le Lauragais une terre d'exception serait une erreur encore plus grave.
Henry Ricalens, docteur en histoire, a notamment publié aux Presses de l'Institut d'Études Politiques de Toulouse deux études économiques et sociales : l'une, en 1994, sur Moissac du début du règne de Louis XIII à la fin de l'Ancien Régime, l'autre, en 1999, sur Castelnaudary au temps de Catherine de Médicis, comtesse de Lauragais.