Cartes et photos de Baziège

 

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Baziège : agglomération de 3200 habitants.

Sud-Est de Toulouse sur la RN 113 entre Toulouse et Villefranche-Lauragais.

Baziège, voie de passage depuis l'Antiquité.

  Baziège est mentionnée dès le IVe siècle sur une carte itinéraire de l'Empire romain sous le nom de Badera, nom qui évoque la présence d'un gué pour franchir la plaine marécageuse que l'Hers n'arrivait pas à drainer. Le chemin des Romains dit "des Pountils" témoigne de cette époque. Il s'agit d'une chaussée surélevée de un à deux mètres, percée de ponceaux pour faciliter l'écoulement des eaux. La construction actuelle en belles briques foraines, attribuée à Colbert, aurait pour bases les fondations de la voie romaine.

Baziège, un des hauts lieux de la Croisade au Moyen-Age.

Le marché actuel du samedi matin remonte à l'an mil. Implanté par les seigneurs de Caraman à un carrefour de routes médiévales, il acquit une importance considérable, notamment en raison du commerce du sel de Narbonne convoyé à dos d'âne par des marchands Goths.

Pendant la croisade contre le catharisme, en 1219, eut lieu aux portes de Baziège une bataille qui opposa les croisés à l'armée du comte de Toulouse venue prêter main forte au comte de Foix; ce fut l'une des rares victoires des occitans sur les croisés. (dessin de la Canso, colorisé)

"Les chevaliers et les sergents, mêlés tous ensemble, les ont (les croisés), à coups d'épieux et d'épées, abattus et écrasés, tués et vaincus, détruits et mutilés, et que des yeux, des cervelles, des poings, des bras, des chevelures, des mâchoires, des moitiés de membres, des foies, des entrailles, partagés et coupés, du sang, des lambeaux de chair et des armes sont répandus de toutes parts; qu'il y eut la tant de Français tués et dépecés que le sol et la berge en sont jonchés et rougis." (La chanson de la Croisade. l. 211 v.163-170)

Baziège fut incendiée en 1355 par le Prince Noir. C'est probablement vers cette époque que l'agglomération se dota d'une enceinte fortifiée, cernée de fossés; peu à peu démolie, elle a laissé la place à des jardins et des cours intérieures.

Baziège, pays de cocagne.

Aux XV° et XVI° siècles, " l'herbe du Lauragais ", le pastel va faire la fortune de quelques négociants toulousains. Quant au paysan qui en assurait la culture, il n'en a retiré que peu de profits, car le pastel plante fragile demandait beaucoup de soins et de main d'oeuvre. Baziège eut quelques retombées de cette manne providentielle : l'église Saint Etienne a été reconstruite et agrandie à cette époque et le château de Lastours, propriété de la Comtesse du Lauragais, Catherine de Médicis, va y gagner une aile.

Les guerres de religion n'affecteront que peu Baziège, resté bastion catholique. Seules, les troupes indisciplinées du Duc de Joyeuse, début juillet 1586, victorieuses des huguenots à Montesquieu rançonneront Villefranche, Villenouvelle et Baziège avant d'aller se faire battre sous les murs du Mas d'Azil.

La Révolution - Le Premier Empire :

Si les débuts de la Révolution ont soulevé beaucoup d'enthousiasme à Baziège, la suite ne va pas dans le sens de l'histoire.

Deux grandes figures baziégeoises ont marqué cette période : L'abbé Guyon, curé de Baziège qui fut délégué à Versailles de son ordre pour la Sénéchaussée de Castelnaudary. Il sera curé réfractaire et devra s'exiler un temps. Antoine Estadens, ex-maître de la poste royale sera député à la Convention, il ne votera pas la mort du Roi, sera emprisonné sous la Terreur avec les Girondins, échappera " au rasoir national " et finira au ministère des Postes et Messageries.

L'installation du curé constitutionnel en 1793 provoquera des troubles dans le village à tel point que les dragons seront appelés pour rétablir l'ordre.

En août 1799, c'est l'insurrection royaliste qui déferle dans le Midi et la région toulousaine. Baziège attend avec ferveur les bandes royalistes insurgées. On refuse le gîte et le couvert aux soldats républicains de Villefranche venus assurer la défense du village. La rébellion tourne court. Les meneurs royalistes baziégeois seront emprisonnés quelque temps et Baziège perdra son chef lieu de canton au profit du village de Montgiscard qui durant cet épisode avait manifesté des sentiments plus orthodoxes.

Le Consulat et l'Empire furent pour Baziège une période de transition.

Il va falloir de plus en plus de soldats à l'Empereur et de nombreux jeunes baziégeois vont être désignés pour rejoindre les armées. Quelques-uns vont se cacher pour éviter la conscription et gendarmes et agents municipaux vont leur faire la chasse tout en essayant de convaincre leurs parents de les retrouver...

A la fin de l'Empire, en 1814, Baziège va être témoin des "derniers morts de l'Empire". Les armées anglaises de Wellington talonnent l'armée de Soult, venant d'Espagne et se voulant se diriger vers Castelnaudary sans combattre dans Toulouse. Les avant-gardes françaises essaient de percer le blocus anglais de Toulouse. Le 11 avril après-midi, la cavalerie de Soult affronte dans la plaine de Ste Colombe, près de la chapelle, la cavalerie anglaise qui doit se replier. Le front anglais est percé et les armées de Soult peuvent passer. Les morts anglais furent ensevelis dans un champ qui aujourd'hui encore porte le nom de "cimetière des anglais".

Quelques jours plus tard, l'armée anglaise cantonne à Baziège. Le nouveau conseil municipal, sans aucun scrupule, écrit à Wellington et, tout en le remerciant d'avoir débarrassé la France et le monde du tyran usurpateur, lui demande réparation pour les dégâts occasionnés aux champs et aux récoltes par le passage et le stationnement des troupes.

Le dix-neuvième siècle.

Baziège, ayant perdu sa prééminence politique en perdant le titre de chef-lieu de canton, va s'affirmer en tant que puissance économique et va devenir par ses commerces, son marché et ses foires, le bourg le plus important du canton. L'arrivée du chemin de fer, dans les années 1857, va accentuer son importance. Les conseils municipaux, aux mains des conservateurs jusque dans les années 1890, vont freiner le développement du village. Par la suite, plus en phase avec les gouvernements au pouvoir, leurs successeurs vont entreprendre la modernisation du village : reconstruction de la Halle aux grains, construction de l'Ecole Primaire, création de la place Jeanne d'Arc, percement de nouvelles entrées de l'église, aménagement du foirail, de la place à la Volaille, rectification de la Grand Rue, éclairage public et privé au gaz acétylène...

Le Baziège d'aujourd'hui doit beaucoup aux gens de cette époque, visionnaires et dans le vent du progrès, qui ont permis à un village aux rues moyenâgeuses d'entrer dans le XX° siècle et de conserver son avance jusque dans les années 1950.