Renaissance du carillon du clocher de Baziège. (suite)
La mise au point du métal dont elles sont faites, l'airain, alliage constitué par un mélange de cuivre (78%) et d'étain (22%), les nouveaux procédés de fonte vont permettre leur multiplication rapide mais aussi susciter bien des convoitises. Lors des invasions barbares ( Normands, Sarrasins), pendant les guerres féodales, les cloches, à cause de leur précieux métal, vont souvent devenir butin de guerre, être descendues des clochers romans faciles d'accès, et transformées en armes, en ustensiles, ou en monnaies ; elles pouvaient aussi tout simplement disparaître, fondues, lors de l'incendie des églises comme ce fut le cas à Baziège, lors de la chevauchée du Prince Noir (1355) en pleine Guerre de Cent ans.
Un des gros bourdons de plus d'une tonne, avec son volant pour sonner à la volée.
Dès cette époque, on sait comment fondre des cloches de quelques centaines de kilos. Bien que ce furent les moines, les premiers, qui maîtrisèrent la fonte des cloches, des fondeurs itinérants vont apparaître, les " saintiers ". Ils vont se déplacer de village en village ou de ville en ville, à la demande, et fondre leurs cloches sur place, au pied des clochers : des fouilles archéologiques ont permis de retrouver, au pied des édifices auxquels étaient destinées les cloches, les emplacements des coulées.
A partir du XII° siècle, dans toute la France, les municipalités s'affranchissent de la tutelle seigneuriale ou royale. De nombreuses villes édifient leur maison communale surmontée d'un beffroi muni d'une ou plusieurs cloches destinées à informer rapidement la population (voir Donjon du Capitole à Toulouse). Le pouvoir est à cette époque entre les mains des marchands et ces beffrois visent à concurrencer la toute puissance des ordres religieux et de leurs magnifiques églises. Dans les bastides créées aussi à cette période, l'église n'est plus au centre du village ; c'est la halle aux marchands qui lui ravit ce lieu privilégié ( le beffroi de la Halle de Revel en est un bon exemple local).
Dans les petits villages ou les bourgs plus anciens, le clocher, souvent central, va assumer le double rôle religieux et civil. Les cloches, en nombre variable selon l'importance économique de la population qui vit autour de l'église, vont être l'instrument privilégié de la communication : appel des fidèles, indication de l'heure par la sonnerie des angélus ( puis plus tardivement par l'installation d'horloges), signal d'incendie, de décès, célébration d'évènements divers, convocation des membres aux assemblées villageoises, éloignement des orages...
Quelques éléments du carillon, à l'intérieur du clocher-mur.
C'est à partir du XVI° siècle que les cloches vont avoir leur profil actuel dit " gothique ".
A Baziège, la cloche la plus ancienne date de 1781 ; elle se nomme Mirepoix ; elle est seule dans la niche tout en haut du clocher et n'a pas été reliée au carillon lors de sa première électrification. D'un diamètre de 51 cm et d'un poids de soixante kilos, elle a traversé l'époque troublée de la Révolution pour arriver jusqu'à nous.
C'est peut être d'elle qu'il s'agit quand les Consuls de 1789 réunissent le onze mars " l'assemblée communale au son de la cloche en la manière accoutumée ". C'est la convocation de tous les Baziégeois afin de commencer la réflexion sur la rédaction des cahiers de doléances.
On ne connaît pas le nombre de cloches en place à cette époque-là, mais chaque fois qu'il fallait réunir l'assemblée, ou plus tard la municipalité, ce fut toujours " au son de la cloche en la manière accoutumée ".