Vers un transfert des biens de l'Hôpital St Robert [4].


        Le 6 janvier 1686, Monseigneur l'archevêque de Toulouse et M. Costa, patron de l'hôpital des pauvres valides (celui de l'enfermement - St Joseph de la Grave) demandent aux consuls baziégeois que les revenus de l'hôpital de Baziège comme ceux de celui de Villenouvelle [5] soient transférés à la masse de ceux de l'hôpital de Toulouse qui offre de son côté d'employer ces revenus conformément à l'intention des fondateurs. [6] (ceux de l'hôpital de Baziège et de Villenouvelle) et de plus de prendre en charge " les enfants des deux communautés qui auraient intention pour la prêtrise ". Les Consuls de Baziège semblent être d'accord avec cette décision du moment que " ses droits soient soutenus " et délèguent un député vers M. Costa et Monseigneur l'archevêque pour témoigner que les revenus du dit hôpital ont été " employés suivant l'instruction des fondateurs ".

        29 février, an 1688, Maison de ville de Baziège [7] .
        Le Conseil de Communauté prend connaissance de l'ordonnance rendue par M. Gabriel de Cardage de Malapeyre, [délégué] [8] du roi et magistrat présidial au Sénéchal de Toulouse, commissaire subdélégué de Monseigneur de la Chambre royale séante (siégeant) à l'Arsenal de Paris pour l'exécution de l'édit du mois de décembre 1672.
        " Les seigneurs de l'Ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel et St Lazare de Jérusalem [9] " membres de ladite Chambre royale " ordonnent d'être mis en possession de l'Hôpital St Robert situé hors de ce lieu, lequel hospital est [concédé] au dit ordre comme celui estant pour pèlerins et passants sous peine de quinze cents livres d'amende ". Les consuls sont tenus, dans les trois jours de remettre " au greffe de la commission tous les titres et actes concernant le dit hospital ", notamment " le cahier de reconnaissance dépendant du dit hospital en date de l'année 1466 ".
        " Cette ordonnance a été signifiée à la requête de Messire André Mathieu de Castillas, maréchal du camp des armées du Roi, Chevalier de l'Ordre de la Commanderie de Toulouse ".
        Son représentant, Messire Calvet, accompagné du greffier est installé chez la veuve Bonnes, hostel du Tapis vert et est chargé de l'application de cette ordonnance.
        Après délibération du Conseil de Communauté, les Consuls décident " d'offrir au dit Clavet la clef des archives de la communauté où sont tous les papiers consistant en cadastre et comptes d'administration consulaires ". Ils lui déclarent que la Communauté n'a jamais eu en son pouvoir la reconnaissance de l'année 1466, ni aucune autre concernant le dit hospital. Les sieurs consuls se présenteront devant le sieur de la Peire, commissaire pour en faire le serment au nom de la Communauté. De plus, cette dernière " n'entend donner aucun trouble en la jouissance du dit hospital et rentes accordées au dit Ordre ".
        Le 7 mars 1688, " le sieur Izarn, 1er Consul, s'est présenté devant M. de La Peire, commissaire subdélégué pour les affaires de Notre-Dame de Mont-Carmel et de St Lazare de Jérusalem devant lequel il fait serment et conformément à la délibération. Il a fait des frais pour cela : la somme de trois livres et deux sols pour son voyage. "
        Il semble que l'ordonnance royale de 1688 (voir texte en début d'article), d'après le " dénombrement " des biens de l'Hôpital St Robert fait en 1687 n'ait eu aucune application, mais elle montre que les Consuls baziégeois n'entendaient pas, malgré leur soumission apparente, abandonner leurs prétentions sur les biens de l'hôpital. La délibération suivante va nous montrer que les ressources de l'hôpital étaient bien passées dans le giron de l'Ordre.

        Le bureau de charité de Baziège a besoin de fonds pour aider ses pauvres [10] .
        Le 20 avril 1720, le bureau de charité a besoin de fonds pour faire des distributions quotidiennes au grand nombre de pauvres de la Communauté. Lagarrigue, prêtre obituaire [11] de Baziège, est envoyé auprès de M. de Costa pour retirer une somme de 205 livres. Mais bientôt cette somme s'avère insuffisante et le député va être envoyé auprès du sieur de Costa pour pouvoir retirer les sommes qu'il lui plaira, à prendre à compte des intérêts qui sont dus à la fondation pour continuer les aumônes au bureau de charité de la paroisse. " Les délibérants ont convenu que le restant des fonds retiré par le sieur Lagarrigue restera entre les mains des administrateurs (du bureau de charité) à charge pour eux d'en rendre compte " et remercient le sieur Lagarrigue, prêtre, qui s'est chargé d'acheminer les fonds.

Démembrement et fin des bâtiments de l'hôpital St Robert.
        Délibération du 17 février 1721.
        " Le vent et orage qu'il a fait ont entièrement mis à terre le couvert (le toit) et partie des murailles de la masure de l'hôpital qui menaçait ruine depuis de longues années, n'étant soutenu que par des étais et dont on a été obligé l'été passé de faire descendre quelques tuiles canals qu'il y avait, de peur qu'elles ne tombassent sur les passants. L'hôpital étant sur le Grand Chemin, lesquelles tuiles (200) ont été employées pour réparer le couvert de la place publique (la Halle). Mais comme il y a quelques poutres fort carrées et quelques soliveaux à demi pourris que les sieurs Consuls ont fait vérifier par M. Laurens, Pouzoulet et Bésian [12] qui risquent de se perdre et d'être enlevés de nuit par les passants ", les Consuls décident " de les faire vendre à l'enchère publique de même que les briques qu'il peut y avoir ou de faire enfermer le tout en un endroit sûr après avoir été compté et vérifié pour en éviter l'égarement ".
        Dans la délibération du 13 juillet 1721, il est dit que " le bois des ruines fut racheté par Géraud Clerc pour une somme de 18 livres qui servit à payer la réparation des cloches. "

        On cite encore l'Hôpital St Robert après la Révolution.
        19 juin 1791 -Le Comité de mendicité départemental demande un état des Hôtel-Dieu, des hôpitaux et hospices.
        " La municipalité est priée de se réunir avec le syndic des pauvres pour former sur les titres de l'Hôpital St Robert qui existait autrefois et qui n'existe plus, l'état des revenus dont cet hôpital jouit et jouissait dans l'ancien régime et de le marquer au Comité de Mendicité auquel la municipalité représentera qu'il serait nécessaire dans cette ville qu'il y ait un hôpital avec lits et meubles nécessaires pour y recevoir les pauvres malades ainsi qu'il était autrefois. Les pauvres malades qui n'ont pas de quoi se sustenter sont forcés de se réfugier dans l'Hôtel-Dieu de Toulouse et le plus souvent n'ayant ni de forces pour supporter le voyage ni de moyens pour fournir aux frais de transport, ils périssent misérablement sur le chemin ou dans leur maison ".

        L'Ordre de Notre Dame du Mont-Carmel et de St Lazare sera supprimé à la Révolution par le décret du 15 octobre 1792, ainsi que tous les autres ordres monarchiques.

        18 vendémiaire An V. - Bail de la terre appartenant à l'Hôpital
        Le prix du bail doit se faire en grain ; le paiement en sera fait au 1er septembre prochain.
        Le bail est fait pour trois ans. Le fermier paiera les impositions crées et à créer et en outre sera obligé de porter à Montgiscard et Villenouvelle les pauvres sur une charrette.
        15 pluvial An X1- Comptes de Maire -- hospices et établissement de bienfaisance :
        Les revenus de cet hospice sont peu conséquents ; à la vérité, il est peu d'indigents qui ne puissent travailler, il n'y a point d'enfants abandonnés, en sorte que ces revenus sont absorbés et distribués par l'administration de l'hospice.
        9 février 1806 - Bilan de l'An 13
        Au chapitre hospices et établissements de bienfaisance :
        Quelques revenus sont distribués aux pauvres de la commune.
        12 mai 1808 Compte administratif :
        - hospices : depuis l'organisation du bureau de bienfaisance, les revenus de l'hospice sont administrés par les membres de ce bureau et soit à l'aide de ces revenus, soit au moyen des produits des quêtes, les pauvres et les infirmes sont soulagés dans leur malheur.
        28 novembre 1824 - Le nommé MOULIS aîné a laissé à la Commune une grange et un jardin pour la fondation d'un hospice. Le préfet demande s'il y a des fonds disponibles pour cet établissement. Réponse négative de la Commune qui n'a pas de fonds disponibles et suffisants pour l'entretien de l'hospice dont il s'agit.
        8 août 1838 - Legs de M. Eléonore Michel Chevalier de Moly Saint Laurent : il lègue aux pauvres de Baziège la somme de 600 F.
        26 février 1839 - Legs de feu CAMY, curé de Villefranche, à faire en faveur des pauvres de Baziège. Une somme de six cents francs sera à remettre immédiatement après sa mort à M. le Curé de Baziège.
        15 décembre 1841 - Legs de feu Raymond SAGNE oncle de 1500 F aux pauvres de Baziège. Le Conseil Municipal émet le vœu que cette somme soit capitalisée.



Dans le cadre surligné, le terrain de l'Hôpital St Robert de Baziège aujourd'hui.





        Passant, automobiliste, avant d'emprunter le chemin de l'Hôpital, regarde avec prudence bien sûr, du côté opposé et imagine, à la place de ce cube insipide des télécoms, une maison basse avec un toit légèrement en avancée, comme il se faisait autrefois et qui avait pour but principal de protéger les murs des intempéries et remarque près de la porte un pèlerin en route ou revenant de St Jacques de Compostelle avec tous ses attributs principaux : la coquille, le bourdon, la calebasse et la besace.
Notes

[4]    Registre des délibérations D3.

[5]    Cette délibération nous apprend qu'un hôpital, sûrement semblable à celui de Baziège, existait à Villenouvelle, succursale ecclésiastique de Baziège. Villenouvelle fut fondée, pense-t-on, au XIII° siècle.

[6]    Ces revenus servaient à soulager la misère des villageois dans le besoin.

[7]    Registre délibérations D3 feuillet 55.

[8]    Mot illisible.

[9]    Sous le règne du Roi Louis XIV, l'Ordre de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel était chargé de venir en aide aux soldats nécessiteux ou handicapés. L'édit royal de 1672, permit à l'Ordre de prendre le contrôle de tous les hôpitaux, léproseries et autres institutions hospitalières.

[10]    Rien à voir avec la fameuse peste de 1720 qui sortit de Marseille au mois de juillet pour se répandre progressivement dans toute la Provence puis le Languedoc. Registre délibérations D4.

[11]    Prêtre chargé de dire des messes (payantes) pour les défunts à la demande des familles. Ce qui devait lui laisser pas de temps pour avoir d'autres occupations comme messager ou chargé de mission auprès de M. Costa, patron de l'hôpital des pauvres valides de Toulouse qui gérait les fonds des petits hôpitaux ruraux comme celui de Baziège..

[12]    Menuisiers et charpentiers de Baziège.